Depuis des siècles, communiquer avec les esprits et transcrire dans l’art passionnent certains artistes. Ainsi, c’est à la fin du XIXe siècle que cet art prend une dimension artistique avec une recherche de compréhensions alternatives de la réalité.
La science spirituelle
En cette année 2021, l’accumulation d’expositions des artistes spirites a permis de mettre en lumière un aspect important de l’engouement des modernistes pour la spiritualité. Un phénomène qui doit être considéré dans un contexte plus large. Au début de l’ère moderne, la frontière entre la science et la foi était bien plus poreuse qu’aujourd’hui. Charles Darwin, qui a tant fait pour ébranler les fondements de la religion du XIXe siècle, était catégoriquement opposé au surnaturel.
Pourtant, Alfred Russel Wallace, qui a conçu simultanément et de manière indépendante la théorie de l’évolution et a été cité à l’origine comme son co-découvreur, était un vrai croyant. Son adhésion au spiritisme peut expliquer le fait qu’il ait été effacé de l’histoire des sciences.
Arthur Conan Doyle, aujourd’hui surtout associé à sa création de Sherlock Holmes, était un fervent spirite et a en fait consacré beaucoup plus de livres au spiritisme qu’à son détective hyper rationnel.
Modernisme et médiums
Ce qui a jusqu’à présent été sous-estimé, c’est à quel point ces idées étaient répandues, en particulier parmi les artistes qui ont formé l’avant-garde moderniste.
Dans son livre de 2014, The Spiritual Dynamic in Modern Art, Charlene Spretnak développe les idées de l’exposition « The Spiritual in Art » de Tuchman. Ces idées amènent au-delà de l’abstraction pour suggérer les fondements spirituels d’un large éventail d’artistes modernes et contemporains. Son livre, basé sur une recherche minutieuse des motivations des artistes de 1800 à nos jours, propose une révision radicale de notre compréhension de l’histoire du modernisme.
Spretnak soutient que la spiritualité est au cœur du canon établi et que des idées mystiques et occultes traversent les œuvres d’artiste aussi divers que Kandinsky, Malevich, Mondrian, Beckman, Miró, Dove et Klee.
Le royaume intérieur
Agnès Pelton, une des artistes connues de la spiritualité, a une revendication plus claire de l’histoire de l’art conventionnelle. Pelton s’est intéressé aux propriétés métaphysiques de la couleur et à leur capacité à amener le spectateur dans un état d’illumination.
Un nouvel âge pour le spiritisme dans l’art
Pourquoi certains artistes oubliés de cet art, se retrouvent-elles sous les feux de la rampe ?
L’une des explications pourrait être l’effondrement du canon sous la pression du féminisme et du multiculturalisme. En effet, il est remarquable de constater combien de ces artistes sont des femmes. Un autre facteur de ce regain d’intérêt pourrait être le dégoût pour la marchandisation à outrance de l’art. Il y a quelque chose de très attirant dans l’art qui résiste au marché par son appel à la connaissance secrète.
Une fois encore, la recherche d’alternatives s’est traduite par un regain d’intérêt pour les préoccupations spirituelles et spiritualistes.
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